Une méta-analyse portant sur 1252 individus provenant de sept grands sites funéraires d'Europe centrale datés du Néolithique ancien à l'âge du bronze tardif (c. 5500-1200 AEC) montre que dans six sites funéraires sur sept, il existe une minorité d'individus dont le sexe déterminé ne coïncide pas avec le genre que leurs tombes respectives sont censées indiquer d’après les objets funéraires et les pratiques d'inhumation.
Si l'on ne considère que les individus pour lesquels on dispose à la fois de la détermination du sexe et du genre, les «opposés» (terme indiquant que leur sexe biologique ne correspond pas au genre identifié) représentent une moyenne située entre 7,5 et 10% de l’échantillon.
Par ailleurs, les attributs funéraires peuvent également être corrélés à l'âge, à la mobilité, au rôle et/ou au statut social, et un dépôt de biens funéraires perçus comme genrés par les archéologues pourrait donc n'être qu'indirectement corrélé au sexe biologique.
L'équipement masculin dédié à une femme biologique n'est pas différent du même équipement dédié à un homme biologique, et vice versa. Comme ces individus ont été traités selon des normes standard, cela exclut qu'ils aient été considérés comme des exceptions. D'autre part, rien n'indique si cette «identité inadaptée» a été choisie par leurs porteurs ou si elle leur a été imposée, que ce soit dans la vie ou dans la mort.
L’étude conclut en incitant à la prudence dans l'interprétation des données disponibles, car elle montre que nos connaissances sur le genre préhistorique reposent en grande partie sur des données insuffisantes, souvent invérifiables et en partie biaisées. Seulement 30 % environ de toutes les sépultures étudiées fournissent suffisamment de données pour comparer le sexe biologique au sexe archéologique, tandis que le reste est soit partiellement déterminé, soit totalement indéterminé.